La librairie
francophone d'Ottawa vient de fermer ses portes mi-mars. Cela ne troublera guère
la fête du 20 mars, intitulée "Journée mondiale de la Francophonie". Y
seront vantés les 230 millions de locuteurs en langue française - annoncés 500
millions en 2050 grâce à l'effort démographique (!) de l'Afrique. Tandis que le
français s'installera comme l'une des deux principales langues du monde. Voire
la première, renchériront les plus optimistes.
Il conviendra
donc de passer sous silence des faits autrement alarmants.
Par exemple
que, voici trente ans, les locuteurs en langue française étaient 220 millions.
La France comptait quelque 10 millions d'habitants de moins. L'équation est
vite résolue : l'augmentation venue d'Afrique est un leurre.
Mais il y a
bien pire : lorsque l'on regarde les chiffres à la loupe – comme le fit Jacques
Attali dans un rapport verticalement classé – les personnes ayant le français
en langue usuelle sont moins de 150 millions.
Pire encore
: Mis à part Québec et Nouveau Brunswick, le français langue usuelle recule
partout. Et d'abord sur ce continent africain : le mirage s'efface à mesure de
l'irrésistible avancée de l'anglo-américain, en passe de prendre au français la
place de première langue commune des pays dits francophones !
Quant à ces
"vieux pays", berceau du français, l'exemple attendu de leur part
donne le "la" – ou plus exactement sonne le glas. En Belgique, en
Suisse, l'anglo-américain s'installe comme langue commune. En France, il
devient honteux de communiquer autrement que dans la langue du colon. Communiquer
à l'extérieur, mais aussi entre bons Français. La langue
vernaculaire équivaudra bientôt au danois ou au finlandais : on le parlera à la
maison ou entre voisins de palier. Avant de l'oublier tout à fait.
Déjà, censé langue
de travail à égalité avec l'anglais dans les grandes instances gouvernementales
ou sportives européennes et mondiales, le français a largement perdu ce rôle,
et d'abord par la pusillanimité de ceux payés pour le représenter.
Vous,
associatifs, journalistes, parlementaires ; vous instances gouvernementales,
tous destinataires de ce communiqué, devez impérativement prendre conscience du
drame en cours. L'anglo-américain n'étoffe plus le français, il l'étouffe.
Des mesures
de sauvetage s'imposent d'urgence. Vous trouverez ci-contre les suggestions
avancées par notre collectif, souhaitant que les décideurs, et d'abord les
législateurs, prennent la mesure du drame en cours.
Défendre la
langue française, c'est :
- - Promouvoir la langue de la précision par
excellence
- Promouvoir un trésor de la culture universelle
- - Respecter les identités des pays l'ayant en partage
- Plaider, en l'espèce, pour toutes les langues et tous les particularismes menacés de disparition par l'hégémonie anglo-américaine.