Adresse au Président de la
République française, l'exhortant à une
communication à la hauteur de l'identité nationale incarnée par sa
charge.
11 février 2018
Monsieur le Président de la République,
En septembre dernier vous annoncez vouloir
proclamer Villers-Cotterêts capitale de la Francophonie. En 1539 l'identité nationale recevait en
ce lieu son sceau le plus précieux : la langue française.
Et en même temps vous réussissez l'exploit
d'être le premier chef d'État de la France, depuis 1539, – à la consternante
exception de M. Giscard d'Estaing en… Louisiane – à refuser d'utiliser notre langue nationale lors
de plusieurs allocutions. À Davos vous utilisez un long moment l'anglais ("anglo-ricain"
conviendrait mieux…) sans rien pour vous y contraindre – Madame Merkel
s'exprima plus fièrement en allemand. Mieux, ou pire, recevant des investisseurs étrangers à Versailles vous avez le front de vous
exprimer… en anglais.
Ce faisant vous encouragez le monde à
tourner définitivement la page d'un temps où le français, à égalité avec l'anglais,
régissait l'ONU, l'Europe, les Jeux Olympiques, notamment. À quoi bon en effet utiliser un dialecte renié par son premier
ambassadeur ?
La question que vient de vous poser le
député Jean-Luc Mélenchon situe bien la
vertigineuse descente aux enfers du français, langue de la diplomatie (?) *
Vous revendiquez la fierté d'être Français.
Votre vibrato évoque à l'envi un grand peuple, une grande nation.
Et en même temps vous tournez le dos à
notre langue, sceau identitaire d'une grande nation. Le sang de notre esprit
(Unamuno). Notre vraie patrie (Camus).Garant suprême de l'application de la loi, votre conduite doit prêcher d'exemple. La loi du 4 août 1994, dite "Loi Toubon", fait obligation aux entreprises publiques - ou à toute entreprise recevant une aide ou une participation d'une collectivité publique, à commencer donc par l'État – de respecter certaines règles, comme l'utilisation du français dans toute forme de communication. Si cette communication fait l'objet de traductions, elles doivent être deux au minimum.
Et en même temps, vous – chef de l'État –
laissez sans hésitation les entreprises visées, partiellement à capitaux
d'État, égrener le chapelet du reniement
national. Que quatre exemples suffisent à illustrer. "The Christmas
fever" by Orange. "Air France is in the air" by Air France. "Committed to better energy"
slogan français de Total. Finissons en
beauté avec la SNCF déclinant tout de go : Happy Hour, intercités, ID-Nights, S'miles, TGV Family,
Rail Team, Oui Go, Happy card. And so on.
Et, toujours dans le même temps, votre gouvernement finance
illégalement des événements en contravention avec la loi. Quatre exemples encore
: "Goût de France good France" parrainé, pardon sponsorisé, par les
Affaires étrangères. "My french film festival" épaulé par la Culture
! "Free Flight World Masters" avec l'appui du Ministère de la Défense !
Finissons en beauté avec la participation de la DRAC Pays de Loire au "So
film summer camp" de… Nantes !
Et encore dans ce
même temps, la France, premier pays au monde en terme de tourisme, décline trop
systématiquement une communication illégale bilingue qui, loin d'apporter au
prestige de notre langue donc de nos
valeurs, contribue à leur désuétude.
La communication nationale doit légalement
se faire en français. Cela tombe à pic, vous-même ne cessez de protester de
votre attachement à notre langue. Jusqu'à envisager, au Burkina Fasso, d'en
faire à terme la première langue du monde.
Tomber, ou couler à pic ? En même temps,
invitant les industriels du monde à s'installer en France… vous optez pour
"Choose France Internaltional business summit" comme dénomination du
raout. Vous prenez des initiatives tricolores… elle se nommeront
"Pionniers French Impact", ou encore "make our planet great again",
" One Planet Summit"
…
Votre gouvernement finance des organismes
tels le CILF et diverses commissions de terminologie censées proposer des
déclinaisons françaises pour les nouveaux concepts
Et en même temps vous multipliez les
barbarismes – tels "start-up nation" , "task force" "bottom
up", "top down", farouchement secondé par la plupart des membres
du gouvernement.
Ce gouvernement finance largement la
Francophonie .
Et en même temps votre participation à
l'anglo-ricanisation de la planète vous
mérite le courroux des nations non-françaises. Ainsi, la "société
Jean-Baptiste" de Montréal liste-t-elle dans un récent courrier à votre
intention les "mauvaises habitudes" d'un pouvoir français se donnant
à l'anglais **. " Surtout, ces mauvaises habitudes en viennent à causer
des dommages collatéraux chez nous, au Québec Banalisent la progression de
l’anglais dans tous les domaines, et favorisent ce que j’appelle la «
coolonisation » des plus jeunes générations". Nous vous épargnerons les
amers reproches adressés à la France du reniement par le très respecté Abdou
Diouf. Vous eut-il pratiqué, les reproches eussent encore gagné en virulence.
La langue de la Francophonie porte des
valeurs précieuses : l'humanisme des Lumières, l'universalité de la culture, la
précision de la communication. Vous savez avec quelle vigueur certaines des
figures emblématiques de la Francophonie en déplorent d'autant la dérobade
française.
Que dire enfin de l'opération d'embobinage
baptisée "Mon idée pour le français" et ouvrant sa page Internet par
l'inouïe suggestion d'une… masterclass ? Les organes de terminologie retiennent
"classe d'interprétation". Mais qui s'en soucie ?
Nous parvenons donc au triste constat
suivant. Le candidat déclarant "la colonisation est un crime contre
l'humanité" déroule le tapis rouge au colonialisme anglo-américain. Par
tant, il participe au naufrage du pluralisme,
notamment culturel.
Notre collectif vous demande d'opter pour
une position claire. Ou bien, mettant vos pas dans ceux d'un passé abhorré,
vous acceptez résolument de suivre le chemin "d'une collaboration loyale
avec l'occupant".
Ou bien, loin d'effacer la loi Toubon
comme on vous en prête l'intention prochaine, vous la renforcez. Et
surtout lui donnez les moyens de s'appliquer. Ce qui n'est pas vraiment le cas.
En clair, Emmanuel Macron assume le statut
de chef de l'État français, avec fierté, lucidité, fermeté.
Ou bien non.
Croyez, Monsieur le Président, à l'assurance de notre parfaite considération.
Les
responsables du collectif "Langue française" :
Pour la Belgique Benoit Winckelmans Bruxelles
Pour le Canada
Jean-Paul Perreault Montreal (Président du Mouvement Impératif français)
Pour la France Dr Pauline Belenotti Marseille, Louis
Maisonneuve, La Ciotat (Président d'Observatoire des Libertés) et Régis Ravat Nîmes (AFRAV, Association Francophonie Avenir)
Pour
la Suisse Philippe Carron et Jacques Badoux, Lausanne
LANGUE FRANÇAISE 250 chemin du Baguier 13600 La Ciotat 06 76 24 24 01
Pour partager via Facebook, cliquer sur l'icone correspondante au bas de cette page
Vous envisagez de rejoindre notre collectif ? Laissez un mot à : langue-française2018@laposte.net
Vous envisagez de rejoindre notre collectif ? Laissez un mot à : langue-française2018@laposte.net
Copie
de ce courrier à :
POUR
LA FRANCE
Mesdames
et Messieurs les parlementaires des commissions culturelles.
Organisation
Internationale de la Francophonie : la secrétaire générale, les représentants
des pays francophones ; l'association des parlementaires francophones ; TV
monde ; Crefeco ; Université d'Alexandrie.
Les
journalistes des services "culture" et "société" de :
Canard Enchaîné, La Croix, L'Express, Le Figaro, L'Humanité, Libération, Le Monde, Marianne,
L'Obs, France-Inter, Europe 1, RTL, France 2, BFM télé, LCI, AFP, AP.
Messieurs
Jean-Marc Ayrault, Jean-Luc Mélenchon, Gilles Kepel, Maxime Laporte, Jacques
Myard
Pour
principe et sans illusion, les ministres de l'Europe et des Affaires
étrangères, de la culture, ainsi que votre représentante pour la Francophonie
Leila Slimani.
POUR
LA BELGIQUE, LE CANADA ET LA SUISSE
Copies
prises en charge par les représentants des collectifs dans ces pays.
*Ainsi,
d’après le recensement fait par l’organisation internationale de la
francophonie, sur les 63 sites internet de l’ONU, seuls 11 sont véritablement
multilingues. Dans les trois quarts des procédures de recrutement, l’anglais
est la seule langue obligatoire requise et le manuel d’instruction à
destination des personnes souhaitant poser leur candidature n’est disponible
qu’en anglais. Par ailleurs, 90 % des documents reçus par les services de
traduction de l’ONU à New York sont rédigés en langue anglaise, de même que 80
% de ceux reçus à Genève. Les documents rédigés en français ne représentent
respectivement que 4 % et 10 % des documents.
** "En particulier, il n’y a
aucune raison pour que les grandes multinationales diffusent, en France, des
slogans publicitaires dans une langue étrangère à celle de la République. A
fortiori, l’État devrait se montrer exemplaire en n’encourageant d’aucune façon
les réflexes diglossiques vers l’anglais que l’on peut lire, voir et entendre,
chaque jour qui passe, dans l’espace public français. Cette médiocrité
linguistique, induite par l’omniprésence de la culture anglo-américaine, nuit
au français et à la France elle-même. Elle étiole la grandeur de la République,
et l’idée que l’on peut se faire d’elle.
Surtout, ces mauvaises habitudes en
viennent à causer des dommages collatéraux chez nous, au Québec, car
Sans doute, d’aucuns n’y voient qu’un
effet de mode ne présentant aucun danger notable. C’est peut-être vrai dans
votre pays, qui n’est assurément pas à la veille de passer à l’anglais, mais il
faut savoir que pour les « Français du Canada », le parler bilingue a toujours
été l’antichambre de l’anglicisation. C’est ainsi que depuis les débuts de la
mal nommée Confédération canadienne, la proportion de francophones y est passée
d’environ 34% dans les années 1860, à 25,7% en 1971, à moins de 20,3% en 2016…
Il ne s’agit pas de se fermer à
l’anglais… Cependant, nul besoin pour aller vers l’autre, de s’aliéner à lui.
Ainsi, c’est une chose que d’apprendre l’anglais. Mais c’en est une autre que
d’angliciser tout un peuple.
Maxime Laporte
Président général, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal"
Président général, Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal"