"Ma patrie, c'est la langue française" Albert Camus

20 MARS 2018 LA GRANDE ILLUSION



La librairie francophone d'Ottawa vient de fermer ses portes mi-mars. Cela ne troublera guère la fête du 20 mars, intitulée "Journée mondiale de la Francophonie". Y seront vantés les 230 millions de locuteurs en langue française - annoncés 500 millions en 2050 grâce à l'effort démographique (!) de l'Afrique. Tandis que le français s'installera comme l'une des deux principales langues du monde. Voire la première, renchériront les plus optimistes.
Il conviendra donc de passer sous silence des faits autrement alarmants.
Par exemple que, voici trente ans, les locuteurs en langue française étaient 220 millions. La France comptait quelque 10 millions d'habitants de moins. L'équation est vite résolue : l'augmentation venue d'Afrique est un leurre.
Mais il y a bien pire : lorsque l'on regarde les chiffres à la loupe – comme le fit Jacques Attali dans un rapport verticalement classé – les personnes ayant le français en langue usuelle sont moins de 150 millions.
Pire encore : Mis à part Québec et Nouveau Brunswick, le français langue usuelle recule partout. Et d'abord sur ce continent africain : le mirage s'efface à mesure de l'irrésistible avancée de l'anglo-américain, en passe de prendre au français la place de première langue commune des pays dits francophones !
Quant à ces "vieux pays", berceau du français, l'exemple attendu de leur part donne le "la" – ou plus exactement sonne le glas. En Belgique, en Suisse, l'anglo-américain s'installe comme langue commune. En France, il devient honteux de communiquer autrement que dans la langue du colon. Communiquer à l'extérieur, mais aussi entre bons Français. La langue vernaculaire équivaudra bientôt au danois ou au finlandais : on le parlera à la maison ou entre voisins de palier. Avant de l'oublier tout à fait.
Déjà, censé langue de travail à égalité avec l'anglais dans les grandes instances gouvernementales ou sportives européennes et mondiales, le français a largement perdu ce rôle, et d'abord par la pusillanimité de ceux payés pour le représenter.
Vous, associatifs, journalistes, parlementaires ; vous instances gouvernementales, tous destinataires de ce communiqué, devez impérativement prendre conscience du drame en cours. L'anglo-américain n'étoffe plus le français, il l'étouffe.
Des mesures de sauvetage s'imposent d'urgence. Vous trouverez ci-contre les suggestions avancées par notre collectif, souhaitant que les décideurs, et d'abord les législateurs, prennent la mesure du drame en cours.
Défendre la langue française, c'est :
-  - Promouvoir la langue de la précision par excellence
   - Promouvoir un trésor de la culture universelle
-  - Respecter les identités des pays l'ayant en partage
  - Plaider, en l'espèce, pour toutes les langues et tous les particularismes menacés de disparition par l'hégémonie anglo-américaine.